"La promenade de Bergson dans L’Anti-Œdipe"

Nicolas Cornibert

Publié le 26 juin 2013 Mis à jour le 26 juin 2013
Je voudrais tenter ici de développer ou plutôt d’exploiter à fond une suggestion émise initialement par François Zourabichvili quant à un rapprochement possible à effectuer entre l’ouverture de L’Anti-Œdipe comme mise au jour d’un plan machinique de productivité infinie, et l’ouverture du premier chapitre de Matière et mémoire en tant qu’y est formulée l’hypothèse, comme on sait, d’une identification de la matière à un ensemble d’images déterminées par leurs actions et réactions réciproques. Or, que l’on ait affaire, de part et d’autre, à l’instauration de ce que Deleuze appellera un plan d’immanence ou de consistance n’est certes guère contestable, mais le rapprochement pourrait aussi bien s’arrêter là. On sait en effet, depuis Qu’est-ce que la philosophie ?, que les plans d’immanence sont toujours variés, distincts, multiples dans leur façon d’emprunter au chaos leurs traits diagrammatiques propres, nécessairement pluriels aussi dans la mesure où aucun plan ne saurait embrasser le tout du chaos sans y retomber aussitôt.