"Rêve et interprétation dans L’Anti-Œdipe"

Charles Ramond

Publié le 26 juin 2013 Mis à jour le 26 juin 2013
Dans L’Anti-Œdipe, Deleuze et Guattari s’en prennent très vigoureusement à la psychanalyse freudienne et à tout le système de contraintes, de mensonges et de pensées pieuses qu’elle véhicule selon eux. On pouvait donc s’attendre à voir figurer en première place la question de l’interprétation des rêves, tant elle est non seulement première à tous les titres, et déjà chronologiquement, pour la psychanalyse, mais à vrai dire tant elle lui est consubstantielle dès sa naissance. Et pourtant cette question, assez étrangement, est quasiment absente de l’ouvrage. Bien plus, la minoration de la question du rêve et de son interprétation s’y accompagne de la conscience explicite, de la part des deux auteurs, du fait qu’ils passent sous silence rien moins que « la voie royale du désir et de l’inconscient (p. 377), ce qui néanmoins et paradoxalement n’entraîne chez eux aucune espèce de justification. L’absence de la question du rêve et de son interprétation est donc étonnante dans L’Anti-Œdipe, au triple titre et de fait et de fait délibéré et injustifié.