« De la vie à l’image. Retour sur une lecture merleau-pontienne de L’évolution créatrice »

Nicolas Cornibert

Publié le 27 juin 2013 Mis à jour le 27 juin 2013

Version longue d’une conférence tenue à l’Université de Toulouse Le Mirail lors des Ateliers euro-japonais sur L’évolution créatrice de Bergson.

Le cadre de cet atelier, consacré à la transformation de la notion de durée dans L’évolution créatrice, nous a semblé pertinent pour tenter d’opérer un retour sur une lecture particulièrement féconde et originale de Bergson, celle proposée par Maurice Merleau-Ponty dans son célèbre texte d’hommage de 1959, « Bergson se faisant », où l’auteur cherche à rendre compte des audaces d’une pensée en train de se faire, et ce au rebours de la vision rétrospective d’un certain bergsonisme œcuménique et inoffensif. Comme il le signale d’emblée et hardiment : « La vérité est qu’il y a deux bergsonismes, celui de l’audace, quand la philosophie de Bergson se battait, et, dit Péguy, se battait bien, – et celui d’après la victoire, d’avance persuadé de ce que Bergson a mis longtemps à trouver, déjà fourni de concepts, quand Bergson a fait lui-même les siens. Identifiés à la cause vague du spiritualisme ou de quelque autre entité, les intuitions bergsoniennes perdent leur mordant, elles sont généralisées, minimisées. Ce n’est plus là qu’un bergsonisme rétrospectif ou de l’extérieur » . Le ton est donné. Il s’agit de retrouver le Bergson vivant, en acte, derrière les cristallisations mortes de sa pensée, sous les espèces d’un vague spiritualisme consensuel, rendu inoffensif de par sa consécration même.