"Du mode d’existence de Dieu. James, Souriau, Whitehead"

Isabelle Stengers

Publié le 25 juin 2013 Mis à jour le 25 juin 2013
Le thème qui nous rassemble est vaste, ce pourquoi je voudrais commencer par me situer par rapport à lui, c’est-à-dire le faire communiquer avec un problème. J’ai choisi, avec William James, Alfred North Whitehead et Etienne Souriau, d’explorer une question qui me semble - si elle est posée par des philosophes - enfreindre les interdits de l’anthropologie philosophique moderne. C’est-à-dire mener hors du territoire où l’humain est d’abord défini par son opposition à tous les autres vivants, pris en bloc , et où l’homme moderne est d’abord défini par son opposition à tous les autres humains, lui qui sait que s’il y a une transcendance, son seul témoignage est un appel au cœur de l’homme – un appel dont l’indétermination radicale lui permettra de disqualifier tous ceux qui prétendraient en identifier le message. Enfreindre un tel interdit, c’est s’exposer, ce que savaient James, Whitehead et Souriau. Si j’ai choisi de le faire, c’est parce que la question de l’homme se pose aujourd’hui en présence de nouveaux protagonistes. Je pense aux scientifiques qui ont appris à observer et à travailler avec des animaux. Des animaux, c’est-à-dire des êtres qu’il s’agit de rencontrer, et non des voies d’accès à la définition de l’animal ou de l’espèce. Je pense aussi à ceux et celles qui ont pensé à partir des conséquences de nos définitions. Et notamment de la justification qu’elles avaient donnée, et donnaient, toujours au jugement porté sur d’autres peuples, définis comme « à civiliser »…