« Fichte, entre volonté générale et Volksgeist »

Christophe Laudou

Publié le 25 juin 2013 Mis à jour le 25 juin 2013
La pensée maîtresse de la philosophie politique de Cornélius Castoriadis consiste à distinguer les sociétés autonomes et les sociétés hétéronomes : « j’appelle autonome une société qui non seulement sait explicitement qu’elle a créé ses lois, mais qui s’est instituée de manière à libérer son imaginaire radical et à être capable d’altérer ses institutions moyennant sa propre activité collective, réflexive et délibérative ». Contrairement aux sociétés traditionnelles, qui reposent sur la transmission de normes supposées transcendantes, notamment religieuses, les sociétés démocratiques contemporaines, toutes laïques à des degrés divers, se réclament communément d’un tel idéal d’autonomie. Je souhaite m’interroger avec vous sur la consistance d’un tel idéal. L’actualité politique, en Europe et dans le reste du monde, n’incite guère à l’optimisme : il n’est pas exclu que la marche vers une société plus autonome, loin de suivre un progrès indéfini, ne puisse connaître un brutal retour en arrière. Pour au moins deux raisons, la philosophie de Fichte constitue à mes yeux un lieu privilégié pour déployer cette interrogation.