"Subjectivité et aliénation chez Paul Ricoeur"

Maria Luisa Portocarrero

Publié le 25 juin 2013 Mis à jour le 25 juin 2013
Penser le phénomène de l’aliénation dans la première philosophie de Paul Ricoeur suppose, dans un premier moment, découvrir avec lui le Cogito concret, un être charnel, tissé d’involontaire et de volontaire ; exige encore que l’on comprenne la façon dont ce mélange met en pièces la moderne idée de liberté, de par la découverte du caractère profondément réceptif de l’exister. Et exige, dans un troisième volet, que l’on s´aperçoive de la façon dont le mal, véritable trace d’aliénation et vrai empêchement de l’attestation que l’homme peut faire de ses capacités, entre dans le monde par l’homme. 
La catégorie fondamentale de l’anthropologie ricoeurienne, disons-le, est celle de l’attestation et pas celle de l’aliénation. Ce n´est pas la dimension psychopathologique de l’aliénation qui occupe Ricoeur. Au sens fort du terme, elle désigne le mal, l’absurde par excellence, qui « altère l’intelligibilité de l’existence », sans cependant corrompre de part en part ses structures fondamentales. Ricoeur insiste sur le caractère non originaire du mal qui habite l´homme. Celui-là est contingent tandis que le bon reste au fondement, caché et obscurci. 
Telle est la thèse provocatrice de l’oeuvre Philosophie de la Volonté, entièrement consacrée à l’analyse des conditions de possibilité d’une aliénation, qui arrive aux structures neutres de l’homme corps propre, un mélange de volontaire et d’inconscient corporel. Retenons donc : ce n’est pas l´involontaire la seule racine du mal ou de l’aliénation d´après Ricoeur.