Equipe de Recherche sur les Rationalités Philosophiques et les Savoirs (ERRAPHIS)
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« Le quatrième chapitre de L’évolution créatrice : de la critique des systèmes à la critique du système »
Arnaud François
Publié le 27 juin 2013 – Mis à jour le 27 juin 2013
Version longue d’une conférence tenue à l’Université de Toulouse Le Mirail lors des Ateliers euro-japonais sur L’évolution créatrice de Bergson.
Mon ambition n’est rien de moins que de chercher à saisir le sens proprement philosophique du quatrième chapitre de L’évolution créatrice, et le lien qui rattache ce chapitre aux trois premiers. Tout lecteur perçoit la nécessité de ce questionnement, mais il ne cesse de le différer, et c’est pourquoi la présente entreprise fut, somme toute, peu tentée. Le premier constat, c’est que le livre, à la fin du troisième chapitre, aurait pu, à bien des égards, s’en tenir là. Bergson avait annoncé une investigation sur l’essence et sur la signification de la vie, l’essence a été livrée à la fin du premier chapitre – l’essence de la vie est conscience –, et les derniers éléments de sa signification ont été donnés à la fin du troisième – « De la signification de la vie » est, rappelons-le, le titre du troisième chapitre, que le deuxième vise, de ce point de vue, à préparer. La signification de la vie est la reconquête de soi par la conscience, et cette reconquête est rendue possible par l’homme – ou par un sur-homme –, c’est-à-dire par un être dont la structure cérébrale est propre à cette destination. La matière, quant à elle, est une inversion de la vie, et on pourrait tout à fait imaginer – bien que ce soit simplement possible – une continuation de celle-ci, sous une autre forme, indépendamment de l’inversion. C’est pourquoi la vie est présentée, dans la péroraison qui clôt le troisième chapitre, comme une « charge entraînante capable de culbuter toutes les résistances et de franchir bien des obstacles, même peut-être la mort ». Bergson aurait pu s’en tenir là, disais-je, à ceci près – mais c’est une différence qui change tout – que le dernier mot de son ouvrage sur la vie eût été – « mort ».