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Séminaire ERRAPHIS Epistémologie critique du soin
Publié le 3 février 2023 – Mis à jour le 14 juin 2023
du 14 juin 2023 au 24 août 2023 Toulouse - Campus du Mirail
Première séance du séminaire « Épistémologie critique du soin » (EA ERRAPHIS, Maison de la recherche, Université Toulouse Jean Jaurès) lundi 19 juin 14h/17h avec Sophie Djigo et Elsa Dorlin, philosophe (Erraphis), Maison de la recherche salle E412.
Épistémologie critique du soin
Séminaire de recherche ERRAPHIS co-organisé par
Sonia Bujel, Elsa Dorlin, Alice Leleu, Mathidle Willaume
Programme 2022-2023 :
Pour cette première année, le séminaire « Épistémologies critiques du soin » (EA ERRAPHIS, Maison de la recherche, Université Toulouse Jean Jaurès) présentera quatre séances thématiques consacrées aux problèmes épistémologiques que posent les pratiques, les savoirs et théories, les politiques et institutions ou encore les communautés de liens et les engagements militants dédiés au soin. Au croisement de l’épistémologie historique, de l’histoire médicale, de l’éthique et de la philosophie sociale et politique de la santé, il s’agit d’inscrire ces recherches dans le champ émergent en France des humanités médicales, en portant une attention particulière à l’apport critique de corpus trop souvent tenus aux marges de l’expertise médicale et la prise « en charge » des patient.es, des malades ou des vies vulnérables. En s’interrogeant sur l’histoire de la clinique, sur l’ontologie ou l’herméneutique discriminante de la douleur (gynécologie, pédiatrie, médecine sociale/médecine d’Etat, médecine coloniale, médecine carcérale), en documentant les inégalités et injustices médicales, sociales et épistémiques qu’elles révèlent, nous discuterons de la relation de connaissance entre sujet savant et objet de soin, des processus d’ensilencement, de déréalisation ou de délégitimation du témoignage des patient.es sur les expériences vécues de la maladie ou de la douleur, des mots des maux et de leurs traductions, de la normalisation du « bon malade » (qu’est-ce qu’une plainte audible, intelligible pour le corps médical ? Qu’est-ce qu’une pathologie digne d’être étudiée, reconnue, prise en charge ? Et comment sont précisément traitées les pathologies lorsqu’elles sont perçues comme douteuses ou encore indignes, telles que l’addiction au crack par exemple ?).Nous inaugurerons notre réflexion par un questionnement premier relatif à nos propres pratiques gnoséologiques et critiques : comment nous, chercheuse.rs, travaillons cette archive médicale, comment prenons-nous en charge les expériences vécues, les mots, les traces des vies souffrantes ? Comment pouvons-nous élaborer une éthique de la recherche qui, cherchant à documenter la violence et l’injustice, ne les redouble pas ?Affinant l’énoncé foucaldien de la biopolitique à l’aune des épistémologies critiques, féministes et décoloniales, nous travaillerons la question du « qui fait-on mieux vivre ? » en prenant soin des corps, des corpus et des mémoires de celles et ceux que l’on laisse souffrir. Au cœur de ces débats, nous porterons une attention particulière aux enjeux de justice réparatrice, aux devenirs sujets, aux savoirs dits profanes, sauvages, aux groupes d’auto-support et aux patient.es expert.es; autant de manières de prendre soin entre pairs, parfois à distance de l’oeil, du jugement ou de l’autorité du corps médical. L’expérience prosaïque du soin, le travail de terrain et l’épistémologie historique, au coeur du projet, matérialisent ce qu’est une critique située.
- 14 février 2023 – 14h-17h : « Enquêter la souffrance », séance organisée par Elsa Dorlin (Erraphis) Salle D30 Maison de la recherche
Ces dernières années, des recherches et publications en histoire de la médecine coloniale ont suscité des débats sur l’éthique de la recherche et la politique des savoirs : à quelles conditions pouvons-nous documenter la violence faite aux corps et aux vies, comment l’attester sans les exhiber encore et encore, sans violenter les vies violentées ? Autrement dit, comment éviter que nos propres démarches d’enquête réitèrent une violence, une offense épistémiques ? A partir des archives de l’histoire de la gynécologie et de l’obstétrique moderne, de l’histoire de la médecine esclavagiste et coloniale, il s’agira ici d’appliquer la critique à la démarche critique elle-même – en élaborant ce qui pourrait constituer une éthique de la démonstration qui ne tombe pas dans la monstration des vaincu.es, en élaborant une épistémologie de la violence qui ne se complaît pas dans une pornographie de la violence.Francesca Arena (historienne de la médecine, Univ. Genève)
Elsa Dorlin (philosophe, Univ. Toulouse Jean Jaurès/Erraphis) : « La monstration de la violence »