« Fichte est-il réactionnaire ou révolutionnaire ? »

Jean-Christophe Goddard

Publié le 25 juin 2013 Mis à jour le 25 juin 2013
Il est remarquable que la philosophie de Fichte ait pu tout autant être tirée du côté de la réaction que du côté de la révolution. Il suffit de consulter la page d’accueil du site web du parti néo-nazi allemand pour comprendre à quel point Fichte peut passer pour une pièce maîtresse du patrimoine réactionnaire. On y voit une vignette représentant Fichte soustitrée d’une pseudo-citation de Fichte exaltant l’idée nationale. Inversement, on se rappellera comment, par exemple, l’éditeur lyonnais Louis-Pierre Babeuf entreprit de publier, en 1831, une traduction française de la deuxième section de la Doctrine de l’Etat sous le titre de « L’idée d’une guerre légitime » . Louis-Pierre Babeuf était le petit-fils de Gracchus Babeuf aux idées duquel il était, comme son père Emile, resté fidèle. Il était aussi l’ami de l’avocat républicain Jules Favre – qui fut député à la Constituante de 1848 –, dont il publia le plaidoyer en faveur des chefs d’ateliers responsables de la révolte des Canuts lyonnais en novembre 1831. L’étroite proximité de la pensée politique et économique de Fichte avec les thèses babouvistes a déjà été fortement soulignée par Xavier Léon dans Fichte et son temps .