« La question de la temporalité de l’action chez Fichte »

Emmanuelle Paré

Publié le 25 juin 2013 Mis à jour le 25 juin 2013
L’objet de notre propos est d’interroger la nature de l’action chez Fichte comme rapport de la présentification d’un but et du développement d’un but. Ce qui est posé par l’action est-il le but ou le moyen pour accéder au but ? Dans La doctrine de l’état, Fichte nous dit que l’action comme instantanéité du but, que la violence de l’hic et nunc doit être « domptée ». Mais il nous dit dans le même temps que l’action est un combat de chaque instant pour conserver ou conquérir sa liberté. Qu’est-ce qu’un combat qui ne veut pas vaincre trop vite ? Un combat se maintient-il dans sa radicalité combative à différer sans cesse le moment de sa victoire ? Je cite Fichte dans l’introduction générale à La doctrine de l’Etat : « « - Tu dis certes que ce n’est pas pour le présent ; mais s’ils font la sourde oreille ou n’en tiennent pas compte ? » - Bien : alors c’est leur faute. Matez aussi ces perturbateurs avec les mêmes armes que vous employez pour en mater d’autres, avec toute l’approbation de la science, et je dirais même, sur son ordre. » et quelques pages plus loin il écrit : « Mobilisation de toutes les forces, combat à la vie et à la mort, pas de paix sans victoire complète, c’est-à-dire sans garantie totale contre toute atteinte à la liberté. Pas d’égards ni pour la vie, ni pour la propriété, nul calcul sur une paix future. » Victoire complète qui implique une absence de calcul ou de compromis. Radicalité d’une complétude qui renvoie comme à autant de compromissions la tentation de transiger avec la propriété ou la vie dès lors qu’elles semblent s’opposer à la marche conquérante de la liberté.