"Pourquoi le corps sans organes est-il "plein" ?"

Raluca Arsenie-Zamfir

Publié le 26 juin 2013 Mis à jour le 26 juin 2013
Observé du dehors, le corps apparaît comme un dispositif biologique complexe, objet de connaissance positive, d’observation et d’expérimentation. Néanmoins, la philosophie parle du "corps vécu", du "vivre incarné" ou du "corps sans organes", faisant ainsi référence à ce qui se trouve derrière les régularités visibles du corps, que la science inventorie avec tellement d’élan. La question que nous aborderons est de savoir pourquoi le corps sans organes est conçu comme "plein" et ce que cette plénitude signifie. La réponse jaillit presque toute seule, puisque Deleuze et Guattari, tout en parlant du "corps plein sans organes", ont plusieurs fois affirmé son contenu essentiellement intensif. Dès le début il faut souligner que le corps sans organes ne conteste pas la réalité de la matérialité tangible. Pourtant, si nous y restions, cette matérialité pourrait altérer et désincarner le corps vivant, tout en le réduisant à une somme des fonctions physiologiques, alors qu’il inclut plus que le mécanisme biologique et qu’il s’en différencie précisément par sa texture intensive.